Ce week-end de l’Ascension, organisé par Gérard et Dany, nous a vu partir cette fois vers OLOT et ses volcans. Deux superbes randonnées (400m de dénivelé et près de 18Kms chacune) nous ont permis, de découvrir sous la houlette de Gérard, tout ce qui a trait aux phénomènes du volcanisme…
Jeudi 5 mai : Ce matin, six voitures chargées de 23 participants quittent Labarthe peu après 8 heures. Voyage sans problème jusqu’à Perpignan malgré un trafic assez dense, mais là un accident nous arrête plus d’une heure. Aussi, une fois passés en Espagne, nous arrêtons-nous pour pique-niquer à l’entrée de Besalù dont nous admirerons ensuite le magnifique pont fortifié gothique. Hélas nous n’avons pas le temps de visiter la vieille ville. Arrêt à Castelfollit-de-la-roca, ville moyenâgeuse perchée sur un éperon basaltique au confluent de deux rivières, avec une haute falaise ornée de prismations (orgues) spectaculaires. Courte randonnée : par une passerelle sur le Fluvia, qui coule au pied, et un vieux chemin empierré, qui monte en écharpe de l’autre côté, nous accédons à la vieille ville.
Encore un peu de voiture et nous traversons Olot pour rejoindre le camping La Fageda et nous installer dans les bungalows. Après cette formalité, retour à Olot pour visiter le volcan Montsacopa que la ville entoure aux trois-quarts. Petite grimpette (90 m) par un bon chemin tracé dans les lapilli (grains de lave) éjectés par le volcan. Une cuvette marquée, bien que peu profonde, est la trace tangible du cratère.
Sur sa lèvre un petit fortin datant des guerres civiles du XIXe s. entoure la chapelle Sant-Francesc. Nous faisons le tour : deux autres tourelles complètent le dispositif défensif de l’endroit. Elles forment d’excellents observatoires sur la région (tables d’orientation). Comme il nous reste du temps avant le repas du soir prévu pour 20 h, nous faisons un saut à Santa-Pau, autre ville moyenâgeuse, construite, elle aussi, sur une coulée basaltique (bien moins haute qu’à Castelfollit), et possédant encore son enceinte, ses portes et son château féodal. Belles places à arcades… et bar bienvenu ! Il est grand temps de regagner le camping pour prendre l’apéro, puis retour à Olot pour le dîner. Le restaurant La Brasera est dans la vieille ville. La patronne, avertie la veille, a préparé une grande tablée unique et nous apprécions de ne pas être dispersés. Bonne cuisine et service impeccable les trois soirs grâce à l’énergique Gabriella.
Vendredi 6 : Départ à 9h directement à pied du camping pour faire la boucle « forêt Fageda d’En Jorda – volcan Santa-Margarida – volcan Croscat – volcan Pomareda ». Le début comporte une centaine de mètres le long de la route à grande circulation, mais, bonne surprise, nous n’avons pas besoin de traverser : un bon sentier longe la route légèrement à l’écart. Il nous mène à un grand parking où attendent des charriots à chevaux pour promener les touristes fatigués. Un tunnel permet de passer de l’autre côté de la route en sécurité. Nous entrons dans une belle forêt de hêtres (la plus basse d’Europe paraît-il). Elle est parsemée de très curieux monticules de basalte (les « tossols » en Catalan) qui ressemblent à de petits volcans ; certains sont de véritables collines. Les géologues ont expliqué leur genèse par le passage d’une grosse coulée de lave sur des terrains marécageux. L’ébullition violente de l’eau sous-jacente a provoqué la formation de conduits à travers la lave et l’accumulation de blocs autour qui ont donné cet aspect de pseudo-volcan. Après la forêt nous passons au milieu de prairies avec quelques vieilles fermes souvent ornées de belles arcades. Puis nous attaquons la montée du col de Can Battle, sentier assez redressé mais qui ne dure pas trop (70 m), et nous atteignons le hameau de Sant-Miquel de Sacot avec sa chapelle. En face de nous : le volcan Sant-Margarida, un cône aussi régulier que le Montsacopa, mais nettement plus grand et au cratère plus profond. Descente au Pla de Sacot et nous attaquons la montée au Santa-Margarida. Le sentier en écharpe est bien tracé et régulier. Ici plus de hêtres mais des chênes verts. Plusieurs affleurements dans le talus nous permettent d’observer les dépôts volcaniques (lapillis) et par endroits le sous-bassement gréseux.
Arrivés sur la lèvre, nous entreprenons d’en faire le tour. Les frondaisons nous masquent souvent l’intérieur du cratère et il faut attendre des clairières pour apercevoir la chapelle au milieu de la prairie qui occupe le fond. Courte descente pour y accéder et casser la croûte. Remontée à la lèvre (dur sur la digestion !) et redescente au nord. Un énorme châtaigner donne à ces dames de l’inspiration facétieuse pour faire quelques photos insolites. De retour dans la plaine, un bar-restau bienvenu nous attend de l’autre côté de la grande route pour permettre aux amateurs de prendre leur café. Un peu plus loin un bon chemin nous amène au pied du volcan Croscat, puis, au détour du sentier, nous tombons sur le spectacle saisissant d’une ancienne carrière de granulats qui, en tranchant dans le cône, nous révèle le cœur de l’édifice fait de lapilli parsemé de bombes basaltiques de toutes tailles. Le lieu a été très aménagé pour le confort des touristes, mais il est préservé. Tournant autour du Croscat, nous faisons une petite digression pour aller voir le plus jeune appareil de la région (11 500 ans) : le petit volcan de La Pomareda. La carrière dont il a fait l’objet nous permet de l’approcher tout près et de voir l’empilement de lapilli, de petites bombes scoriacées et de laves massives. Chacune de ces couches correspond à une phase différente de l’éruption et traduit la diminution progressive de la teneur en gaz des magmas éjectés au cours de l’événement. Au début, la proportion de gaz dissous dans la lave est très forte et son dégagement au cours de la montée du magma dans le conduit divise très finement le liquide, ce qui donne les lapilli ; puis la teneur en gaz diminue et la lave est seulement divisée en paquets plus ou moins gros qui, en retombant encore mous, donnent cet empilement de bombes « en bouse de vache » ; à partir d’un certain moment le gaz n’arrive plus à diviser la lave et forme seulement des bulles à l’intérieur.
Finalement nous rentrons au camping assez tôt. La virée a fait 16 Km pour 325 m de dénivelée. Comme l’heure de dîner est encore loin, nous décidons d’aller à Sant-Joan-les-fonts voir la chaussée de géants de Moli Fondo. Après avoir parqué les voitures nous passons au pied de l’étrange église néogothique Sant Joan Baptista et du joli pont médiéval. La rivière Fluvia est atteinte rapidement par un chemin impeccablement aménagé. Ici le Fluvia franchit un ressaut volcanique sur lequel on voit parfaitement le dessin polygonal des fentes de retrait qui se sont développées dans la lave perpendiculairement à la surface de la coulée en formant des prismes lors du refroidissement. Le Fluvia a ici profondément entaillé les terrains et en montre la structure : il y a trois coulées superposées ; la plus basse (600 000 ans), qui sert de lit à la rivière, et la moyenne (150 000 ans) sont séparées par une épaisse couche d’alluvions. Certaines parties des coulées sont prismées (orgues), d’autres se débitent en lauses (dalles) Nous remontons sur le talus et poursuivons le chemin jusqu’à l’ancienne carrière de Boscaro. Beaux prismes. Retour par le plateau où il y a, parait-il, les restes d’un village ibérique (âge du fer), mais les fouilles archéologiques ont dû être recouvertes car nous ne voyons que des panneaux explicatifs (d’ailleurs intéressants). Ce sera tout pour aujourd’hui.
Samedi 7 : Départ à 9 h en voiture pour rejoindre Santa-Pau d’où part la boucle que nous parcourrons vers l’est. Traversée de la vieille ville derrière l’église et sortie à la porte de la Mar. Sentier à travers prés. Après le contournement d’un épaulement nous atteignons la Mare de Deu des Arcs, église romane un peu abimée mais en voie de restauration, avec des bâtiments présentant de nombreuses arches et voutes d’un bel effet. Après la traversée du ruisseau nous montons le col de Can Rosta, assez raide, immédiatement suivi d’une descente encore plus raide. Au mas Esparreguères, des chèvres paissent sous de grands châtaigniers. El Sallent est un hameau sans grand caractère à partir duquel nous allons marcher vers l’ouest. Nous rejoignons la grande route et presque immédiatement il nous faut rentrer dans une propriété privée pour suivre les balises. Passé la rivière nous prenons tout de suite un sentier qui la longe en la remontant. Enfin, juste après la ferme de Can Battle, nous trouvons une belle prairie ombragée au bord d’un bassin à nénuphars qui alimente un vieux moulin désaffecté. Endroit tout désigné pour pique-niquer. Non loin, un pont franchit la rivière très encaissée face à des cascades pittoresques. La remontée sur le plateau par un chemin pavé (calade) est un peu pénible en digérant. Nous loupons la pierre du diable (menhir) que nous apercevons quand même de loin lorsqu’un panneau nous la signale. Nouveau moulin (Moli Nou) avec barrage en amont, canal d’amenée et bassin réservoir. Là aussi le lit de la rivière est constitué de basalte prismé. Après une marche en plat, petite remontée jusqu’au hameau de Sant-Marti-Vell avec sa petite église romane.
De là, le retour à Santa-Pau par la plaine est sans difficulté. La bière sur la place aux arcades est bien méritée (16 Km, 285 m de dénivelée). Aujourd’hui aussi il nous reste du temps et nous décidons d’aller voir Olot : il y a quelques beaux immeubles modernistes (courant architectural européen de la fin du XIXe s. et du début du XXe). Casa Gaieta sur la place de l’église Sant-Estève, et Casa Sola-Moralès sur les allées d’En Blai sont les principaux. Surprise : au moment où nous arrivons sur la place de l’église des équipes de « castellers » sont en train de se mettre en place, et nous allons avoir le plaisir (ou la frayeur) de voir se construire devant nos yeux ces tourelles humaines, jeux de force et d’adresse qui sont une fierté du peuple catalan. Des hommes, des femmes, des adolescents, des enfants participent à ces constructions éphémères et ce sont de jeunes enfants qui grimpent avec agilité au sommet. Oui, ce fut une belle chance d’assister à ça ! Dernier apéro au camping, dernier repas à La Barasera.
Dimanche 8 : départ à 9 h, il pleut. Les jours précédents le temps avait été couvert mais la pluie nous avait épargné. Pour éviter les grandes foules de l’autoroute nous avions décidé de repartir par l’ouest et la montagne. A un rond-point, un peu avant Sant-Joan-de-les-abbadesses, nous sommes stoppés pendant une bonne demi-heure par un rassemblement de cyclistes. Vraiment, sur ce plan-là nous sommes poursuivis par la malchance ! Par bonheur les flics finissent par laisser passer des paquets de voitures entre deux grappes de cyclistes. Arrêt à Ripoll pour visiter le vieux monastère qui remonte aux Carolingiens et eut un grand rayonnement au Moyen-Age (Gerbert d’Aurillac, le pape de l’an mille sous le nom de Sylvestre II et grand savant, y fut moine pendant trois ans).
Nous nous séparons là, certains préférant rentrer tout de suite. De manière échelonnée nous rentrerons tous par Berga, le tunnel du Cadi et celui du Puymorens. Certains iront au passage tremper leurs pieds dans le bassin des ladres à Ax. En dépit d’un temps mitigé, je crois que ce fut tout de même une belle sortie.
Gérard Crevon
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